mercredi 1 janvier 2014

évolution du "portrait" en peinture

Très peu de portraits peints dans l'Antiquité (fresques et portraits funéraires souvent en mauvais état de conservation pour la plupart) sont parvenus jusqu'à nous .
Dans l'Empire Byzantin des VIIIème et IXème siècles, l'iconoclasme fut une doctrine qui prohibait toute représentation et vénération des images du Christ et des Saints. Cette doctrine fut rejetée par l'impératrice Théodora en l'an 843. 
Commandités par l'église orthodoxe, les peintres byzantins des Xème et XIème siècles, développèrent alors un genre de portrait figuratif de dévotion. Ces premiers portraits de personnages religieux ou bibliques (Marie et son enfant, évangélistes,  patriarches) peints sur panneaux de bois doré ou icones garnissent toujours les iconostases des lieux de culte orthodoxes. Cette iconographie  influença beaucoup par la suite la peinture d'église et les enluminures du Moyen-Age, grâce aux échanges commerciaux de Venise avec Constantinople.
Au XIIème siècle, on nomme pour la première fois "portraits" (venant du bas-latin "portrare" signifiant "dessiner") ces représentations de personnages religieux souvent richement vêtus qui utilisent l'or, l'argent et de précieux pigments comme le lapis lazuli dans les formulations de peintures.
Au Quadrocento (ou XVème siècle), le portrait laïque se développe à Venise, Florence et Rome, mais aussi en Europe du Nord. Il s'agit pour le commanditaire, prince, banquier, commerçant ou mécène,  de se faire connaître au plus grand nombre sous son meilleur aspect. Le peintre est alors chargé de représenter le statut social du commanditaire, en imposant la stature du personnage, rehaussé souvent sur une estrade, en évoquant la richesse des bijoux, vêtements, fourrures et soieries, et où la virtuosité fait illusion sur la matière.




Catherine d'Aragon par Michel Sittow

Puis le portrait prend plus de liberté et de vérité en insistant sur la physionomie ou la laideur du personnage, et en allant parfois jusqu'à la fantaisie, l'allégorie, ou la caricature. Giuseppe Arcimboldo (Milan 1527- Milan 1593) est l'auteur de portraits de fantaisie composés de fleurs, de fruits et de poissons.
Dans la seconde moitié du XVIème siècle, le peintre accentue  encore la véracité, la proximité et l'humanité du personnage en tournant son regard vers le spectateur. François Clouet et Corneille de Lyon(originaire de La Haye aux Pays-Bas) deviendront célèbres pour le réalisme des portraits  de François 1er et d'Henri II.  Philippe de Champaigne a peint ce portrait austère d'un notable bienveillant avec les attributs de son érudition. 


                                                   Philippe de Champaigne (1602-1674): Etienne Delafons
                                                                       crédit photo Musée d'Agen

Au XVII ème siècle Jordaens, Frans Hals, Vermeer de Delft hisseront le portrait à son apogée :
 
                                         
 
Puis le portrait devient autoportrait quand le peintre gère sa propre communication. La vogue des autoportraits commence surtout avec Albrecht Dürer, puis Rembrandt et Van Dijk...Presque tous les peintres laisseront des autoportraits.
Francisco Goya se peindra plus de 30 fois.


                               
Autoportrait de Francisco Goya (peinture de 1783)

crédit photo: Musée d'Agen


Au XVIIIème et XIXème siècle le portrait qui était essentiellement aristocratique tendance gravure de mode, évoluera à nouveau et deviendra bourgeois, familial, et  même social.

                            
Portrait de la Baronne de Crussol d’Elisabeth Louise Vigée-Le Brun (1755-1842)                                   « Toulouse, Musée des Augustins » 

                                                                  


Le portrait figuratif "officiel" de monarque ou de chef d'état se perpétuera jusqu'à nos jours, spécialement au Royaume-Uni où le dernier portrait de Kate,  duchesse de Cambridge, ne fait pas l'unanimité.  

    
Avec l'invention de la photographie en 1828 par Nicéphore Nièpce, et l' essor commercial des portraits d'identité des photographes Daguerre et  Nadar, le portrait a du entreprendre une drastique et novatrice mutation pour subsister. Il faudra beaucoup d'imagination et de courage aux artistes et de persuasion aux acteurs des marchés de l'art pour modifier complétement les styles, les formes, la lumière, les couleurs, les touches et la matière.





                                        
Nicolae Grigorescu :  portrait de jeune paysanne
Musée d'Agen-  cliché Thierry-Daniel VIDAL

Kees van Dongen: Femme aux bijoux(1929)
Crédit photo: JM Barrier pour Connaissance des Arts
                     



JF Rancurel: Un portrait de famille (2013)

Reste-t-il encore un avenir pour le portrait en peinture?
A mon humble avis, oui parce qu'aujourd'hui la caricature, la fiction et le fantastique, la couleur et les retouches infographiques (ou non) ne se sont jamais aussi bien portés.

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